Suite à un grave accident de speed flying, le membre du team 5doigts Camille Meillon a été écarté des sentiers des Trails depuis l’année dernière. Il revient aujourd’hui sur son combat pour pouvoir remarcher et peut être un jour recourir … Combat qu’il est en passe de gagner grâce à son courage et à sa détermination !
Salut Camille, en Août 2016 tu chutes en speed flying et tu passes 6 semaines hospitalisé. Peux-tu nous raconter les différentes étapes de ta rééducation ?
Suite à mon accident, j’ai été hospitalisé sur Grenoble où j’ai été opéré plusieurs fois (fractures avant-bras, colonne vertébrale et surtout multiples fractures ouvertes de la cheville). Les chirurgiens m’ont fait un mauvais pronostique et m’ont annoncé que je ne pourrai probablement plus jamais marcher.
Détruit physiquement, moralement et psychologiquement, cette période a été très difficile à vivre même si j’étais très entouré par ma famille, mes amis et mes collègues de travail.
Après avoir tenté un sauvetage chirurgical sur ma cheville, je me suis retrouvé plâtré pendant 3 mois, puis avec des attèles pendant deux et une interdiction de poser le pied par terre. J’étais suivi à domicile par ma kinésithérapeute afin de commencer à remobiliser la cheville verrouillée par le matériel, travailler sur les adhérences de cicatrice et drainage. Puis reprise d’appuis partiel en douceur jusqu’à avoir le droit de poser complètement le pied par terre (mais toujours en béquille et sans pouvoir marcher).
Fin décembre 2016, on m’a annoncé que j’étais accepté au Centre de Européen de Rééducation pour les Sportifs (CERS) situé à Capbreton dans le Sud-ouest de la France et qui est un des meilleurs centre de rééducation de France (mon plus beau cadeau de Noël!). A ce qu’on dit, l’équipe médicale feraient des miracles là-bas…
Tu as donc été pris en charge par un centre spécialisé pour sportif. Quels ont été les apports de ton séjour dans cet environnement ?
J’ai intégré le CERS début janvier 2017. Une équipe spécialisée composée de médecin, kiné, préparateur physique, ergothérapeute, psychologue, diététicien, restaurateur (…), s’occupe de chaque patient… Le cadre de travail est magnifique et tout est fait pour se centrer sur la rééducation.
Un programme personnalisé est mis en place dès l’arrivée au centre, en fonction de la discipline sportive et des objectifs de chacun. Les journées sont longues et très éprouvantes.
Au programme : cardio – musculation – électrostimulation – kiné – rééduc – piscine – balnéothérapie.
Pour ma part, le but de ce séjour était de tenir sur mes 2 jambes, gagner en mobilité de cheville (et du dos), et resensibiliser le pied au contact du sol. La marche n’était pas encore envisagée à ce moment-là… (mais les médecins du centre étaient eux beaucoup plus confiants que les chirurgiens sur le fait de pouvoir remarcher un jour et cela m’a aidé sur le plan psychologique).
Au bout de 6 semaines, à mon retour chez moi, j’ai passé une visite de contrôle avec le chirurgien : je tenais sur mes deux jambes ! En béquilles certes, mais debout ! Un miracle selon mon chirurgien, qui m’a directement dit de retourner au CERS, chose que j’ai faite après quelques semaines de repos imposé.
Lors du 2ème séjour au centre, j’étais un peu comme à la maison, connaissant bien l’équipe, le fonctionnement etc… J’ai pu me remettre à fond dans la rééducation. L’objectif du séjour : avoir l’appui uni-podal sur la jambe opérée, gagner en mobilité et proprioception, et débuter la marche sans béquilles.
Ces objectifs ont été atteints mais il reste encore beaucoup de travail afin de retrouver la marche sans douleur et sans boiter.
Le fait d’être entouré de sportifs de haut niveau toute la journée m’a énormément aidé. Un vrai esprit de cohésion, d’entre-aide et de partage s’est installé rapidement et cela m’a été bénéfique sur tous les plans de ma reconstruction.
Au fil des mois nous t’avons vu retrouver un physique athlétique et la capacité à remarcher sans aucune aide. On imagine que cette reconstruction physique reflète un fort travail mentale en amont. Quelles sont tes motivations et ton état d’esprit pour trouver l’énergie au quotidien ?
Mes motivations ? Simplement remarcher et peut être recourir un jour. Juste avant l’accident, j’étais dans une période où physiquement je me sentais bien. Je courrais pour le plaisir mais toujours avec l’esprit d’aller plus loin et plus long sur les distances. Deux semaines avant l’accident, j’étais finisher sur le trail des passerelles de Monteynard (dans l’Isère), un 67 km avec 3700D+ avec un super chrono. La semaine suivante j’avais programmé Les Templiers, puis le GR20 en Vibram Spyridon. Tout est tombé à l’eau pour au final peut être ne jamais pouvoir recourir… Une énorme déception.
A force d’entendre que je ne remarcherai plus, et voir où j’en suis actuellement, je me dis que tout est possible, et cela me donne encore plus de force pour revenir en forme.
Je travaille tous les jours pour rééduquer ma cheville afin de retrouver une vie normale et le chemin du travail. L’hôpital en tant que patient ne me manque pas (ahahah) mais en tant que soignant si ! Je fais de la musculation pour reprendre les 15 kilos que j’ai perdus, des exercices de rééducation, du tapis de marche, du vélo de route (la cheville ne force pas, j’ai d’ailleurs fait le Mont Ventoux il y a quelques semaines), de la proprioception et du cardio.
Donc je fais mon programme de rééducation à la maison en attendant la prochaine étape importante : l’ablation du matériel dans la jambe et cheville, programmée pour début 2018. Puis retour obligatoire au CERS dès le post-opératoire, j’ai hâte.
Il reste du chemin à parcourir, mais l’essentiel est d’avancer, et de s’en donner les moyens afin de récupérer au mieux. Un combat de tous les jours rendu possible grâce à ma famille et tous ceux qui m’entourent, sans qui je n’en serais pas là aujourd’hui. Merci …
A bientôt sur les chemins, j’espère pour l’été 2018 (objectif Mont-Blanc), si j’arrive à marcher d’ici là … qui sait !
L’équipe de 5doigts.fr est très fier de toi et nous te remercions d’avoir eu le courage de revenir sur cet accident. Ton combat est une source de motivation et un exemple pour tous les sportifs. Bon courage à toi et profite bien cet été du travail de réeducation que tu as fourni tout au long de ces derniers mois!